Bivouaquer en toute sécurité
Grande amoureuse de la marche et de la nature, j’adore faire du bivouac. Pourtant j’ai attendu plusieurs années avant d’oser en faire, et c’est au cours de mon aventure de 3 mois sur le Chemin de Compostelle que je me suis pleinement lancée dans cette pratique.
Mais avant le grand départ, j’avais mille et unes questions qui me trottaient en tête concernant les possibles dangers qu’il y avait à dormir seule au milieu de la nature. J’ai donc décidé dans cet article de regrouper toutes les informations qui sont selon moi nécessaires à connaître afin de dormir en immersion dans la nature en toute sécurité.
Avant le départ
- Préparez vos itinéraire minutieusement. Assurez-vous que l’itinéraire que vous avez choisi corresponde à votre niveau technique et physique. Renseignez-vous bien sur la distance, le dénivelé (positif mais aussi négatif), la durée de la randonnée et l’altitude à laquelle vous allez monter. Dans le cas d’une aventure de plusieurs jours, préparez en amont les points où vous pourrez vous ravitailler en eau et en nourriture.
- Vérifiez la couverture téléphonique. Lorsque vous préparez votre itinéraire, vérifiez si vous allez avoir du réseau ou non au cours de votre bivouac. Certains sites internet (tel que celui ci) permettent de savoir à l’avance le niveau de couverture concernant les appels et SMS, mais aussi Internet, pour les principaux prestataires téléphoniques.
- Partez avec un matériel adapté. Votre matériel doit correspondre à vos besoins, à votre itinéraire et à la météo. Ne partez jamais sans une trousse de secours, une lampe frontale, une couverture de survie et un sifflet.
- Prenez connaissance des numéros d’urgence et des gestes de premier secours. Si vous ne les connaissez pas déjà, apprenez les numéros des secours à appeler en cas d’urgence (le 112 est le numéro européen d’urgence). Si vous avez peur d’oublier, préparez une fiche technique avec les numéros importants et glissez-la dans votre trousse de secours. De même, vous pouvez préparer un petit mémo des gestes de premiers secours. Ce n’est pas indispensable si vous les connaissez bien, mais cela peut être pratique en cas de panique. D’autant plus qu’on ne sait jamais comment on peut réagir face à une situation d’urgence sans y avoir jamais été confronté.
- Préparez une fiche de renseignements. Prévoyez également une fiche de renseignements d’urgence pour vous, dans le cas où vous auriez un accident. Celle-ci doit mentionner vos traitements en cours le cas échéant, vos éventuelles allergies, les coordonnées de votre médecin traitant ainsi que celles d’une personne à prévenir en cas d’accident. Gardez cette fiche sur le dessus du sac avec vos papiers importants, afin qu’elle soit facilement accessible.
- Vérifiez la météo. La veille de votre départ, vérifiez que les conditions météorologiques vous permettent de partir et que vos matériel est bien adapté aux températures annoncées. Dans le cas d’un itinéraire en montagne, n’oubliez pas de regarder les conditions d’enneigement (même au printemps, on peut avoir des surprises).
- Prévenez toujours une personne de confiance. Lorsque vous partez en bivouac (seul ou à plusieurs), communiquez à quelqu’un les dates prévues de votre aventure, ainsi que le lieu où vous allez. Vous pouvez aussi lui donner le tracé de votre itinéraire sur une carte papier ou numérique. Vous pouvez y ajouter les étapes que vous avez prévues, à titre indicatif. Étant donné que vous bivouaquez, il est fort probable que vos étapes évoluent au fil de votre chemin. Peu importe, car ces étapes servent surtout à donner une idée d’où chercher dans le cas où les secours auraient besoin d’intervenir. Si la personne prévenue n’a pas de vos nouvelles après la date de retour annoncée, elle pourra alerter les secours. Lorsque vous rentrez chez vous, n’oubliez pas de prévenir la personne pour qu’elle ne s’inquiète pas pour rien. Si vous partez pour plusieurs semaines, essayez de la contacter au fur et à mesure de votre aventure. De cette manière, vous pourrez l’informer de votre position, ainsi que d’éventuels changements d’itinéraires. Attention, ne négligez pas ce conseil en vous disant que s’il vous arrive quoi que ce soit, vous aurez votre téléphone portable avec vous. Pour de nombreuses raisons, votre téléphone peut se retrouver hors d’état de fonctionnement ou d’usage (batterie à plat, mauvaise chute, manque de réseau…). Dans ce cas, si personne ne sait où vous êtes parti, alors il sera difficile pour les secours de vous retrouver.
Pendant la randonnée
Quelle que soit l’envergure de la randonnée que vous avez prévu de faire jusqu’à votre lieu de bivouac, allez-y doucement et écoutez votre corps. Étant donné que vous allez également passer la soirée et la nuit en extérieur, il est important de ne pas trop forcer pendant la randonnée et de vous ménager.
- Hydratez-vous bien. Il est primordial d’avoir un système d’hydratation qui vous permette de boire régulièrement et facilement tout au long de votre randonnée et de votre bivouac. Pensez aussi à bien re-remplir vos contenants dès que vous croisez un point d’eau.
- Mangez suffisamment. N’hésitez pas à emmener des snacks en quantité et à grignoter dès que vous en ressentez le besoin. Lorsqu’on randonne, notre corps fournit des efforts importants et il faut être vigilant à avoir assez d’énergie.
- Protégez-vous efficacement du soleil et des intempéries. Surveillez la météo au cours de votre randonnée et votre bivouac. Vous pourrez ainsi réagir plus vite et trouver de quoi vous abriter si vous voyez un orage ou une averse arriver.
- Respectez votre rythme et celui des personnes qui sont avec vous. Si la marche et le bivouac sont accessibles à tous, cela n’en reste pas moins une activité qui demande de l’énergie. Ménagez-vous et faites des pauses dès que vous, ou vos coéquipiers, en ressentez le besoin. Cela vous permettra non seulement de tenir sur la longueur, mais aussi et surtout d’éviter des accidents inutiles. C’est souvent la fatigue qui cause une inattention, pouvant entrainer un problème plus grave (glisser, tomber, se tordre une cheville…).
- Prenez les signes de votre corps au sérieux. N’hésitez pas à vous arrêter en cas de fatigue, de désagrément ou toute sensation inhabituelle (frottement dans la chaussure, essoufflement, douleur…). Une simple situation peut vite s’aggraver si vous ne la gérez pas tout de suite, au point de devoir tout arrêter par la suite. Si vous randonnez en groupe, il est important de partager avec vos coéquipier ce que vous ressentez. Ils pourront vous soutenir si besoin, et surtout ne pas vous brusquer si vous ne vous sentez pas bien.
- N’essayez pas de vous surpasser uniquement parce que vous en avez décidé ainsi. Le mental a souvent tendance à prendre le dessus, et il n’est pas toujours évident d’écouter son corps. La limite entre s’encourager pour aller un petit peu plus loin, et celle où l’on se met en difficulté voire en danger est parfois mince à déterminer, surtout lorsqu’on débute. Alors oui, on a souvent envie de se prouver qu’on est capable, mais à quel prix ? Soyez doux et bienveillants avec vous-même. Et surtout, ne prenez pas de risques : face à une difficulté, vous pouvez tout à fait modifier votre itinéraire ou même à faire demi-tour.
Sur le lieu de bivouac
Une fois sur le lieu de votre bivouac, ce n’est pas parce que vous êtes arrivé qu’il faut oublier toute précaution. Voici donc quelques recommandation afin d’installer votre campement de manière la plus sécurisée.
- Examinez le terrain. Cela permet d’éviter les potentiels risques : branches d’arbres, point d’eau, passage d’animaux… Prenez le temps pour trouver un lieu où votre abri sera le plus adapté, en fonction du terrain et des conditions météorologiques.
- Vérifiez que vous êtes installé à l’abri des regards. Vous pouvez vous déplacer sur le terrain pour voir si vous êtes bien caché de tous les points de vue. Attention cependant à ne pas trop vous éloigner du chemin de randonnée. Si vous devez lever le camp dans la nuit, vous pourrez ainsi repartir plus facilement.
- Regardez sur votre carte quel est le village ou le hameau le plus proche. Cela vous permettra de savoir par où vous diriger si jamais vous aviez besoin de demander de l’aide ou de vous réfugier à l’intérieur d’un bâtiment.
- Vérifiez que vous avez du réseau téléphonique. On ne sait jamais, il se peut que vous ayez à alerter les secours en cas d’urgence. Sachez toutefois que si vous n’avez aucun réseau et que vous n’êtes pas en zone blanche, vous pouvez tout de même appeler le 112.
- Attendez la fin de journée pour monter votre abri. Il peut arriver qu’on arrive tôt sur un lieu de bivouac. Afin de rester discret et de respecter les règles de la pratique du bivouac, ne montez pas tout de suite votre campement. Cela vous permettra également de mieux observer le lieu, d’écouter les sons environnants et de voir s’il y a du passage ou non. Vous vous approprierez ainsi le lieu, et vous vous rendrez compte s’il correspond bien à vos besoins. Et si vous découvrez qu’il ne vous convient finalement pas, vous n’aurez pas perdu de temps : vous pourrez simplement changer de lieu sans même avoir à démonter votre abri.
Et si vous vous posez des questions sur comment trouver un lieu de bivouac, je vous invite à lire cet article : Comment trouver le lieu parfait pour le bivouac ?
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Animaux sauvages, quels dangers ?
Les animaux sauvages sur le Chemin de Compostelle ne représentent pas un risque réel. Aucun animal, en France ni en Espagne ne viendrait vous attaquer. Toutefois, vous n’êtes pas à l’abri de rencontrer des petites bêtes attirées par la nourriture, qui ne vous feront aucun mal !
Voici donc quelques précautions pour ne pas avoir de mauvaise surprise :
- La seule raison qui peut attirer les animaux est la nourriture. Il faut donc l’éloigner de plusieurs mètres de votre campement et l’accrocher en hauteur. N’oubliez pas d’accrocher également votre poubelle et votre popote si elle n’est pas lavée.
- Évitez de vous installer sur un lieu de passage d’animal. Pour se faire, vérifiez qu’il n’y a pas de trace d’animaux sur le sol (empreintes, crottes…). Le cas le plus dangereux serait de s’installer dans un enclos, car en s’installant sur leur territoire, taureau, vaches, moutons ou chevaux peuvent manifester un comportement dangereux.
- Le seul véritable risque en forêt sont les sangliers. Mais à moins qu’ils soient blessés ou que vous ne soyez proche des petits, le sanglier ne vous attaquera pas et reste un animal assez craintif.
- Les chiens errants sont très rares sur les chemins de Compostelle qui sont fréquentés (les maîtres tiennent leurs chiens, car ils savent que beaucoup de pèlerins passent). Si cependant vous êtes confronté à un chien agressif, utilisez vos bâtons de marche (ou si vous n’en avez pas, essayez de trouver un bâton au sol), pour vous protéger et l’effrayer. N’essayez surtout pas de lui faire du mal ou de l’attaquer, cela pourrait aggraver la situation.
Et en période de chasse ?
Étant encore une pratique courante en France, il est important de se renseigner sur les zones et les dates de chasse si l’on souhaite faire du bivouac en forêt.
Ayant généralement lieu du 15 septembre au 15 février, soyez vigilants si vous faites du bivouac sur ces dates !
Toutes les infos sur les dates de chasse sur le site de l’ONF (Office National des Forêts) : http://www.onf.fr/enforet/
Personnellement, en partant sur Compostelle en hiver , il m’est inévitablement arrivé de croiser des chasseurs sur mon chemin en forêt (je raconte cette aventure dans cette vidéo), et je dois dire que ça ne met pas très à l’aise.
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Connaître la législation en vigueur
Vérifiez avant de partir le paysage, le relief et le type de lieux que vous traversez. En effet, les lois en terme de bivouac ne sont pas les mêmes si vous traversez une forêt privée, un parc naturel ou une zone protégée. Il est donc important de bien se renseigner sur votre itinéraire avant votre départ.
Afin de pratiquer le bivouac adéquatement, vous pouvez aussi lire la Charte d’un bivouac respectueux dans cet article ici.
Trouver un lieu de bivouac sécurisé
Je le répète souvent, mais trouver un lieu de bivouac dans lequel on se sent en sécurité est la règle n°1. Si on n’est pas à l’aise dans un lieu, quel que soit la raison, on est assuré de passer une mauvaise nuit, et donc d’être fatigué le lendemain. Et c’est bien souvent la fatigue qui entraine des accidents en randonnée, car on est alors moins vigilant et plus à fleur de peau.
D’autres critères de sécurité sont également important à prendre en compte comme l’inclinaison du terrain, la puissance du vent, être à l’abri des regards, la distance avec le prochain village…
Pour connaître tous mes critères, ainsi que mes astuces afin de trouver le lieu de bivouac idéal pour planter sa tente, c’est dans cet article : Comment trouver le lieu parfait pour le bivouac ?
Avoir un matériel adapté
Que vous pratiquez le bivouac en hamac, en tente ou à la belle étoile, il est très important que vous connaissiez le matériel que vous utilisez. De plus, il doit impérativement être fiable et efficace. Pour connaître en détail le matériel que j’utilise en bivouac c’est dans cet article : Mon matériel de bivouac
De même, l’organisation de son campement est primordiale. Si on passe son temps à chercher des affaires sur son campement le soir, ou à en oublier en partant le lendemain matin, cela peut vite vous mettre en difficulté. Pensez donc bien à suivre des étapes d’organisation (que je détaille dans cet article), qui deviendront vite une habitude à force de bivouaquer !
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Voilà j’ai fait le tour des différents points qui me semblent importants pour bivouaquer en toute sécurité ! Et retrouvez le sujet traité en images, dans cette vidéo ⬇
2 commentaires
Cheru
Bonjour Suzanne je suis ravis d apprécier toutes tes vidéos depuis un certain temps découvertes par hasard moi même je pratique la rando plus en été avec les vacances dans les Pyrénées depuis plus de vingt ans que de beaux endroits accessibles qu à pieds bravo et merci de ton enthousiasme
Suzanne - L'instant Vagabond
Merci beaucoup Eric ça fait très plaisir 🙂