Bivouac : comment dépasser ses peurs ?
Lorsque je raconte que je pratique le bivouac seule, en tant que femme et en immersion dans la nature, je reçois souvent des regards hébétés. Mais encore plus souvent, on me dit : Mais comment fais-tu, je n’oserais jamais faire ça, j’ai bien trop peur !
Évidemment, moi aussi j’avais peur de pratiquer le bivouac avant d’en faire (et pour être tout à fait honnêtement, il m’arrive encore parfois d’avoir peur). Mais j’aime trop dormir dans la nature pour qu’une peur psychologique ne m’empêche de faire du bivouac. Alors, j’ai décidé de partager avec vous, dans un article, comment vaincre ses peurs pour se lancer pleinement dans l’aventure du bivouac !
Trouver ses peurs
Une toute première étape pour s’affranchir de ses peurs, c’est de mener une réflexion personnelle : Quelles sont mes peurs et qu’est-ce qui m’empêche de me lancer dans la pratique du bivouac ? Le but c’est d’identifier ses propres peurs pour pouvoir ensuite les comprendre, le déconstruire et faire leur peau pour pouvoir s’en débarrasser !
Certaines peurs viennent uniquement d’un aspect matériel et physique : peur d’avoir à porter trop de matériel sur le dos, peur de mal dormir sur un matelas de camping ou encore peur de ne pas trouver de lieu adapté à la pratique du bivouac. Si ces peurs là peuvent vite s’effacer avec un minimum de préparation et un choix de matériel adapté, nous avons souvent d’autres peurs plus ancrées en nous, et qui demandent un travail plus long pour s’en débarrasser.
Voici donc un tour d’horizon des principales peurs que l’on me partage lorsque j’évoque la pratique du bivouac…et comment les vaincre !
La peur des « bêtes sauvages »
Les animaux sauvages sur le Chemin de Compostelle ne représentent pas un risque réel. Loups, ours, sangliers… aucun de ces animaux, en France comme en Espagne, ne viendrait s’intéresser à un marcheur isolé, et encore moins vous attaquer.
Pour éviter tout risque (et pour vous rassurer), éloignez votre nourriture ou tout produit ayant une odeur tels que la vaisselle non lavée ou un sac avec des déchets. La nourriture, surtout si vous avez des paquets ouverts, peut en effet attirer les animaux (mais aucun n’est dangereux et ne s’en prendrait à vous). Le mieux est de placer la nourriture à plusieurs mètres de votre bivouac, dans un sac plastique bien fermé, et en hauteur (dans un arbre ou, encore mieux, accroché à une branche).
Afin d’éviter toute frayeur dans la nuit liée à un bruit « suspect » d’animal, il est important de choisir un lieu éloigné de propriétés privées. De cette manière, vous serez sûre de n’entendre que les bruits de la nature (car les aboiements d’un chien domestique en pleine nuit peut paraître effrayant, et devient vite gênant pour le sommeil).
Si les « grosses » bêtes sauvages ne sont donc pas un réel risque, vous n’êtes toutefois pas à l’abri de rencontrer des petites bêtes…
La peur des petites bêtes
Selon votre mode de bivouac (belle étoile, tarp, tente complète ou hamac), les petites bêtes pourront plus ou moins vous rendre visite. Si les petites bêtes vous font vraiment trop peur, il est possible d’opter pour une tente complète ou un hamac fermé avec une moustiquaire. Ainsi, pas de mauvaise surprise en pleine nuit !
Les seules « petites bêtes » qui peuvent vous attaquer de manière gênante sont les moustiques. Toutefois si vous optez pour le bivouac à la belle étoile ou avec un simple tarp, il est possible d’éloigner les moustiques avec un répulsif. Ceux-ci attaquent surtout à la tombée du jour.
Pour les autres petites bêtes, cela dépend de vous si vous vous sentez capable ou non de surpasser votre peur. Personnellement, j‘ai une certaine phobie des crapauds, des escargots, des limaces et de toutes ces petites bêtes gluantes…mais j’ai tout de même réussi à affronter mes peurs et à dormir dehors à la belle étoile (bien qu’il me soit arrivé quelques mésaventures que je partage dans cette vidéo). Car, bien que je n’aime pas ces petites bêtes, je sais pertinemment qu’elles ne peuvent pas me faire de mal. Je préfère donc prendre sur moi, et prendre le risque de les croiser sur mon chemin…!
Et puis, il faut dire que le gros avantage du bivouac c’est qu’il n’y a pas de risque de punaise de lit lorsqu’on dort dans la nature !
La peur de la présence humaine
Ayant moi-même longtemps eu cette peur (et il m’arrive encore qu’elle revienne parfois dans les moments de doute…), c’est sur celle-ci que j’ai dû le plus travailler.
Bien que j’ai longtemps essayé de me répéter que cette peur était uniquement psychologique, je n’ai jamais vraiment réussi à m’en débarrasser avant de me lancer sur le terrain. Et, ma toute première nuit de bivouac en solitaire, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. J’avais l’impression que quelqu’un allait venir me réveiller….Pourtant, le lendemain matin, j’étais toujours là, et dehors, il n’y avait pas une seule trace de présence humaine. A partir de là, j’ai commené à avoir confiance, et mes nuits de bivouac sont devenues, à force de dormir dehors, bien meilleures.
J’ai aussi une petite astuce, que je pratique encore aujourd’hui lorsque je fais du bivouac : j’écoute les bruits naturels de l’environnement dans lequel je suis, avant de me coucher. Car la plupart de mes peurs lorsque j’étais sous ma tente (ou sous mon tarp), venait des bruits extérieurs (le vent contre la tente, une branche d’arbre qui craque, des feuilles qui tombent sur le sol…) que j’interprétais comme le signe d’une présence humaine… Savoir reconnaître les sons de son lieu de bivouac permet donc d’éliminer toutes nos interprétations exubérantes.
Et puis, à chaque fois que cette peur revient, je me répète qu’il est ridicule de penser qu’une personne serait capable de passer la nuit à arpenter les bois pour trouver une pèlerine qui ferait du bivouac en pleine nature…et même si cette personne existe, quelles sont les chances qu’elle tombe sur moi ?
Sur la Voie du Puy en Velay en France, j’ai vite été en confiance car il est très facile de trouver des lieux de bivouac en pleine nature et à l’abri des regards.
Certaines précautions sont évidemment à prendre pour passer une bonne nuit tranquille. Pour plus d’information sur la sécurité en bivouac, et sur les précautions que je prends, je vous invite à lire cet article : Bivouaquer en toute sécurité.
En plus, ces précautions vous permettrons de vous sentir plus en sécurité ce qui permettra d’apaiser les dernières peurs qui peuvent rester en vous. Je garde par exemple à portée de main ma lampe frontale, et les nuits où les peurs me rattrapent, je garde aussi mon couteau opinel à proximité. Je sais que cela est absolument inutile (voire ridicule !), mais garder mon opinel proche de moi « au cas où » me rassure psychologiquement.
Enfin, si vous avez besoin de plus d’informations rassurantes pour vous sentir en sécurité, je vous propose cet article : Seule sur Compostelle, est-ce dangereux ?
La peur de la solitude
La peur de la solitude peut en effet être un frein à la pratique du bivouac. Il est vrai qu’en bivouac, on se retrouve seul le soir, à moins de rencontrer sur son chemin d’autres personnes qui bivouaquent eux aussi (mais qui sont tout de même plus rares!). Il est donc indispensable, à mes yeux, d’aimer un minimum se retrouver seul (ou autrement dit, en bonne compagnie avec soi même !) pour pratiquer le bivouac. Personnellement lorsque je suis en immersion dans la nature, j’ai l’impression qu’il y a tant de choses à observer et à écouter que je ne vois pas le temps passer !
Dans le cas du Chemin de Compostelle, les rencontres sont nombreuses pendant la journée de marche. Il n’est alors pas toujours évident de devoir laisser ces personnes continuer jusqu’à leur gîte du soir sans nous, afin de pouvoir trouver son lieu de bivouac. De plus, l’accueil et l’ambiance dans les gîtes pour pèlerins sont souvent chaleureux, et les rencontres si agréables !
Pour ma part, j’adore alterner entre gîte et bivouac sur le chemin de Compostelle. Et si vous aussi avez encore des doutes à faire ou non du bivouac, je vous propose de lire cet article : gîtes ou bivouac sur le Chemin de Compostelle ?
Après cet aperçu des différentes peurs que la pratique du bivouac peut susciter en nous, j’espère que cela pourra vous aider à identifier les vôtres, à les dépasser…et à vous lancer !
Pour aller encore plus loin dans votre combat des peurs, voici ma vidéo sur le sujet ⬇
4 commentaires
Eric
Bonjour. Moi je mets souvent des bouchons d’oreille pour dormir en bivouac. Effectivement il peut y avoir la nuit des bruits auxquels je ne suis pas habitué et avec mon imagination, je peux les interpréter bizarrement.
Suzanne - L'instant Vagabond
Bonjour ! Et oui je vois qu’on est preil, l’esprit peut vite s’imaginer des choses 🙂
Ludovic Fleury
Bonjour Suzanne,
Merci pour cette vidéo que j’ai trouvé génial, vraiment !
J’aimerai me lancer mais j’ai une appréhension sur les animaux sauvage meme si tu dit qu’il n’y a pas de risque j’avoue que l’ours ne me rassure pas trop par exemple … Mais j’ai pas peur des escargots !
Merci encore une fois et je te trouve vraiment courageuse en tout cas tu peux être fiere de toi !
Suzanne - L'instant Vagabond
Bonjour Ludovic ! Merci à toi. Oui, je comprends, ça peut toujours effrayer les animaux sauvages. En France (et en Europe), les ours sont très localisés, donc à moins que tu fasses du bivouac justement dans un lieu où ils sont, tu ne risques pas d’en croiser 🙂