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Chemin de Compostelle,  Récit d'aventure,  Récits de voyage

3 mois sur Compostelle : la Voie du Puy en Velay

Alors voilà. J’ai marché pendant 3 mois sur le Chemin de Compostelle du Puy en Velay, en France, jusque Saint-Jacques, en Espagne, via le Camino Francés. J’ai passé 3 mois à marcher chaque jour une vingtaine de kilomètres, parfois plus, parfois moins. 3 mois sur les sentiers, mon sac de 7kg sur le dos, avec mes affaires pour le bivouac aussi. 3 mois à dormir parfois dehors dans la nature, parfois dans les gîtes pour pèlerin. Bref, 3 mois de pur bonheur, et je vous raconte tout cela ici !

Si vous souhaitez connaitre ma préparation ou le contenu détaillé de mon sac à dos pour cette aventure sur Chemin de Compostelle, je vous invite à lire ces articles : Mon sac à dos pour Compostelle & 3 mois sur Compostelle : ma préparation.

Enfin, tout au long de mon aventure, j’ai réalisé des vidéos sur le chemin. Vous pourrez donc retrouver le récit de mon aventure en images à travers ces vidéos, disponibles en cliquant ici.

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Première partie :

La Voie Podiensis (GR 65) du Puy en Velay à Cahors

st jacques de compostelle

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Mes étapes :

  • Etape 1 : du Puy en Velay → Montbonnet (15 km)
  • Etape 2 : Montbonnet→ Saugues (27 km)
  • Etape 3 : Saugues → La Clauze (7 km)
  • Etape 4 : La Clauze → Saint-Alban (25 km)
  • Etape 5 : Saint-Alban → Aumont-Aubrac (15 km)
  • Etape 6 : Aumont-Aubrac → Nasbinals (27 km)
  • Etape 7 : Nasbinals → Saint-Chély d’Aubrac (17 km)
  • Etape 8 : Saint-Chély d’Aubrac → Saint-Côme d’Olt (17 km)
  • Etape 9 : Saint-Côme d’Olt → Espalion (7 km)
  • Etape 10 : Espalion → Estaing (13 km)
  • Etape 11 : Estaing → Espeyrac (23 km)
  • Etape 12 : Espeyrac → Conques (13 km)
  • Etape 13 : Conques → Decazeville (21 km)
  • Etape 14 : Journée de repos
  • Etape 15 : Decazeville → Saint-Jean Mirabel (23 km)
  • Etape 16 : Saint-Jean Mirabel→ Béduer (19 km)
  • Etape 17 : Béduer → Saint-Sulpice (23 km)
  • Etape 18 : Saint-Sulpice → Cabrerets (27km)
  • Etape 19 : Cabrerets → Pasturat (19 km + détour de 8 km)
  • Etape 20 : Pasturat → Cahors (20 km)

La veille du départ sur le chemin

J’arrive au Puy-en-Velay le 15 Mai 2018. C’est la toute première fois que je mets les pieds dans cette ville que je ne connais pas du tout, mais qui me plaît tout de suite. J’adore me promener dans ses petites rues sinueuses, et découvrir ses grands monuments surplombant majestueusement le centre.

Après avoir déposé mon sac à dos dans une auberge de jeunesse où je vais passer la nuit, je me rends aux « Amis de Saint-Jacques ». Cette association Jacquaire ouvre ses portes tous les soirs au Puy-en-Velay pour accueillir les pèlerins dans une grande convivialité. C’est là-bas que je me procure ma crédentiale. On m’invite à prendre un petit apéro et un des bénévoles me sert chaleureusement la main : « Bienvenue sur le Chemin !». Ça y est, j’y suis, je suis en train de le faire. Demain, c’est le grand départ.

Je rencontre aussi plusieurs pèlerins qui, comme moi, partent le lendemain. Certains débutent le chemin ici, d’autres, venant de l’Allemagne ou la Suisse, ont déjà parcouru des centaines de kilomètres jusqu’ici et cela m’impressionne beaucoup. Le soir, de retour dans mon auberge, ce n’est pas sans une petite appréhension que je m’endors, ignorant encore ce qui m’attend le lendemain.

Le départ du Puy en Velay

Réveil à 6h30, je me prépare rapidement et file en direction de la cathédrale du Puy-en-Velay pour la bénédiction des pèlerins, qui a lieu tous les matins.

À la fin de la cérémonie, les grandes portes s’ouvrent, permettant de sortir par en-dessous de la cathédrale et arriver sur le parvis principal. Cette « sortie des pèlerin » est à la fois impressionnante et très symbolique. C’est là, au pieds de cette cathédrale, que commence mon chemin, LE chemin.

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Je vous raconte mon départ du Puy en Velay dans cette vidéo ⬇

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Les premiers jours sur la Voie du Puy en Velay

Tout de suite après être sortie de la ville du Puy-en-Velay, je me retrouve rapidement dans un milieu plus rural. Je traverse plusieurs villages qui se composent uniquement de fermes, où les chiens et les poules se promènent en liberté en plein milieu de la route.

Et dès ma première nuit, je décide de profiter d’avoir pris ma tente pour faire du bivouac. Je trouve très facilement un coin où m’installer pour la nuit dans la forêt, après avoir dépassé le petit village de Montbonnet.

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Dès les premiers jours de marche je me sens emportée sur le chemin, surtout par l’ambiance très chaleureuse qui y règne. Sur la route, je ne cesse de croiser d’autres pèlerins, d’en dépasser ou de me faire dépasser, de partager quelques mots ou quelques kilomètres. Et bien que je privilégie au début de marcher seule, on se retrouve souvent entre pèlerin aux étapes du soir. Il y a un fort sentiment d’appartenance, comme si nous faisions tous partie d’une grande famille. On croise des gens qu’on connait à peine mais avec qui on lie rapidement des liens forts : on vit tous ensemble la même chose, en route vers le même but.

Et puis, tout au long du chemin, de nombreux petits abris ou petites tables sont aménagées pour les pèlerins : on y trouve souvent des thermos de thé ou de café, des fruits, des biscuits ou autres collations. Le tout est en donation libre, on se sert à sa guise et on met une petite pièce dans une boite prévue à cet effet. À chaque fois que je tombe sur un de ces endroits, je ne peux m’empêcher de faire une pause et de remercier intérieurement les gens attentionné qui pensent aux pèlerins.

Les kilomètres s’enchaînent au fil des rencontres. Je commence à ne plus les voir défiler. Je me réveille le matin et je n’ai qu’une pensée en tête : marcher.

Je vous raconte mes premières impressions du chemin de Compostelle dans cette vidéo ⬇

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Je me reconnecte avec la nature et l’humain. Je passe mes journées dehors, et même certaines de mes nuits. J’avance au rythme de mes pas, je prends le temps. Et ça fait du bien. De petites choses aussi insignifiantes que la rosée sur l’herbe, le soleil du petit matin qui se lève, les cloches des vaches résonnant dans le lointain, me remplissent de joie.

Au bout de quatre jours de marche seulement, on sort du département de la Haute-Loire pour entrer en Lozère. Passer un département à pieds me fait déjà un effet de grande satisfaction.

Arrivée à Saint-Alban, je fais ma première expérience de dormir dans un donativo. Ce type d’hébergement pour pèlerin fonctionne sur le principe de la donation participative. En échange de la nuit et du repas, chaque pèlerin paie selon ses moyens. Dans ce premier donativo, je découvre un accueil d’une chaleur humaine immense. Lors du repas du soir, tous assis à une grande tablée devant un bon repas préparé par notre hôte, nous partageons beaucoup de rires tous ensemble et de beaux moments d’échanges. C’est tellement agréable d’arriver après une journée entière à marcher dans un lieu accueillant et convivial, où on se sent comme à la maison. C’est un véritable petit cocon, même s’il ne dure que le temps d’une nuit, d’autant plus appréciable qu’on est sur la route.

L’Aveyron

Arrivée dans le département de l’Aveyron, le paysage change totalement lorsqu’on atteint le plateau de l’Aubrac. De Nasbinals à Saint-Chély d’Aubrac, le sentier nous fait passer sur plusieurs kilomètres par les drailles, ces chemins qui permettent la transhumance des troupeaux de vaches vers les plateaux. D’ailleurs lorsque je passe dans le village d’Aubrac, les festivités pour la transhumance sont en pleine préparation, et j’ai même la chance de voir défiler un troupeau de vaches pomponnées.

Un peu plus tard, en arrivant dans le village Saint-Côme d’Olt je décide de m’y arrêter pour la nuit. Je ne suis pas sur cette randonnée simplement pour abattre les kilomètres en jetant un coup d’œil sur les différents paysages et villages que je traverse. Au contraire, j’ai envie de ralentir mon rythme et prendre mon temps. Je décide donc de passer toute une matinée à visiter plus amplement le village de Saint-Côme d’Olt. Celui-ci est d’ailleurs classé parmi les plus beau village de France. L’enceinte de la cité est encore aujourd’hui protégée par des remparts et on pénètre dans le bourg par des grandes portes fortifiés. À l’intérieur, on découvre de petites ruelles enchevêtrés et de belles maisons du XV ème et XVI ème siècle. Bref, un petit village qui sera pour moi un beau petit coup de cœur !

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Le chemin se poursuit, parsemé d’autres jolis villages, tels que Estaing, avec son pont gothique et son château, ou encore Espalion et ses multiples églises.

C’est aussi dans l’Aveyron que je rencontre mes premières grosses journées de pluie. J’arrive à échapper à un premier orage qui s’apprête à s’abattre sur moi en me réfugiant dans l’église du village de Golinhac. Le tonnerre se calme, et je décide de continuer à marcher. Puis la pluie reprend de plus belle, et, étant sortie du village, je ne trouve rien pour m’abriter. En quelques minutes seulement mes chaussures et le bas de mon pantalon qui n’est pas protégé par mon poncho de pluie, se retrouvent trempés. J’abandonne l’idée de bivouaquer ce soir là et décide de dormir dans la première auberge communale que je trouve sur mon chemin, à Eysperac.

Arrivée à Conques

Avant d’arriver sur Conques, j’arpente une longue section dans une charmante forêt, en descente assez raide. Puis, la forêt s’ouvre soudainement pour déboucher sur les hauteurs du village de Conques. On se croirait revenu en plein Moyen-Age, avec les demeures à colombages, les ruelles pavées, et l’abbatiale romane de Saint-Foy, majestueuse, qui se dresse au centre du village.

En arrivant à Conques, j’ai parcouru mes premiers 200 kilomètres de chemin. Je ressens beaucoup d’émotion en réalisant que j’ai accompli cela par la seule force de mon corps, et en autonomie, portant tout ce dont j’ai besoin pour vivre sur mon dos.

S’il y a bien un hébergement à ne pas manquer sur cette première partie du chemin, c’est celui de l’abbaye Sainte-Foy à Conques ! C’est dans ce grand bâtiment historique que l’on est accueilli par des bénévoles. On accède par un escalier de pierre en colimaçon aux chambres aménagées en dortoir. Au repas, l’ambiance est d’une grande convivialité dans la grande pièce où des dizaines de pèlerins sont attablés. Les frères Prémontés qui vivent dans l’abbaye de Conques se présentent à nous et nous donnent le programme de la soirée : messe à l’église, concert d’orgue et une illumination du tympan de l’abbatiale. Un beau programme !

Après le souper, j’assiste donc à la messe dans l’abbatiale de Conques. Lorsque celle-ci s’achève, nous nous levons tous ensemble pour chanter la chanson des pèlerins. Nos voix résonnent dans les hauteurs de l’abbatiale. Je ressens un frisson d’émotion dans tout mon être. Ultréia, Ultréia !

Je vous emmène pendant une semaine sur le chemin de Compostelle dans cette vidéo ⬇

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Le lot

A peine deux jours après avoir dépassé Conques, le chemin quitte l’Aveyron pour entrer dans le département du Lot. Je passe la nuit en bivouac dans le village de Saint-Jean Mirabel. Le lendemain matin, je me lève et découvre avec grand étonnement une brume épaisse qui s’est abattu sur le village. Je me prépare et commence à marcher malgré tout. Et après quelques kilomètres dans ce gris opaque, apparaît soudain, comme sorti de nulle part, une garriotte au milieu d’un pré. Ces constructions rondes, en pierres sèches, servaient autrefois d’abris aux bergers. Avec leur apparition dans le paysage, on sent de plus en plus l’influence de la région des Causses.

Arrivée à Figeac je prends le temps de visiter les principaux monuments historique de cette charmante ville : la vielle ville et ses demeures médiévales, l’église Saint-Sauveur, la place des écritures…

À partir de Figeac, trois possibilités s’offrent à moi pour la suite du chemin. Je peux soit suivre le GR 65 classique, la variante qui passe par Rocamadour ou bien celle par la Vallée du Célé. Après un grand questionnement, je me décide pour la Voie du Célé.

Je parle également de ce choix dans cette vidéo : Je prends une variante sur le Chemin de Compostelle.

La Variante de la Vallée du Célé

Jusque là, le chemin avait présenté assez peu de dénivelés et était très praticable. En choisissant d’emprunter la variante du Célé (GR 651) je sais que le sentier va devenir plus escarpé et plus accidenté. Arrivée à à Béduer, c’est là que je quitte le GR 65 pour bifurquer sur la variante. Je dépasse le village et me trouve un petit coin où poser ma tente sur le bord du chemin, près d’une rivière.

Le lendemain, je découvre qu’en plus de la difficulté du sentier, le balisage du GR 651 est vraiment moins bien fait et à plusieurs reprises je dois sortir mon téléphone pour regarder ma carte et ne pas me perdre. Ne m’étant pas non plus bien renseignée sur ce passage, je suis prise au dépourvu lorsque je cherche un commerce pour me réapprovisionner en nourriture. Et puis, avec des températures élevées, des dénivelés plus conséquents et un climat très sec, l’eau vient vite à me manquer.

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Mais malgré ces inconvénients, je ne regrette pas d’avoir choisi cette variante : on m’avait prévenu, le chemin le long de la Vallée du Célé est d’une beauté incroyable. Traversant les plateaux calcaires des Causses du Quercy, le chemin nous fait marcher tantôt le long de la rivière du Célé qui a façonné le paysage, tantôt sur les falaises vertigineuses, d’où on prend toute la mesure du décor. Avec de nombreuses grottes ayant été creusées par l’eau, on trouve aussi dans la région de nombreuses maisons troglodytes.

Pour ma deuxième journée sur le GR 651, je décide de reposer mes pieds : je vais faire une partie du chemin en canoë sur la rivière du Célé, entre Marcilhac et Cabrerets.

Je vous raconte ma descente en canoé sur la Voie du Célé dans cette vidéo ⬇

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Je décide également de faire un détour de la Variante du Célé (8 kilomètres aller-retour depuis Bouziès) pour me rendre, via le magnifique chemin de halage, au petit village de Saint-Cirq Lapopie. Ce bourg médiéval accroché sur une falaise au-dessus de Lot est classé parmi les plus beaux villages de France. Je parcours les petites rues pittoresques du village avec grand plaisir. Après ma visite, je retourne sur mes pas en empruntant à nouveau le chemin de halage, taillé dans la roche le long de la rivière, et je ne me lasse pas du paysage.

Arrivée à Cahors

La variante du Célé rejoint la Voie du Puy en Velay au niveau de Cahors. J’arrive dans la ville sous une grosse averse. Je me réfugie dans l’entrée d’un gîte qu’on m’avait recommandé, et demande au propriétaire si je peux poser ma tente dans son jardin. Il regarde par la fenêtre et me dit que je devrais plutôt prendre un lit en dortoir, qu’il me fait généreusement au même prix qu’une tente !

En fin d’après midi la pluie s’est arrêtée et je vais visiter la ville de Cahors, notamment sa superbe cathédrale et son cloître. Je passe une très bonne soirée en compagnie d’un grand nombre d’autres pèlerins. On dîne tous ensemble et le propriétaire nous sert de grandes rasades du bon vin local, le Cahors.

Après 20 jours de marche et quelques 370 kilomètres parcourus, me voilà arrivée à mi-chemin de la Via Podiensis. C’est ici que s’achève la première partie de mon récit sur le Chemin de Compostelle.

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Deuxième partie :

Le Voie Podiensis (GR 65) de Cahors à Roncevaux

St jacques de compostelle

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Mes étapes :

  • Etape 21 : Cahors → Lascabanes (23 km)
  • Etape 22 : Lascabanes → Montlauzun (18 km)
  • Etape 23 : Montlauzun → Durfort Lacapelette (17 km)
  • Etape 24 : Durfort Lacapelette → Malause (20 km)
  • Etape 25 : Malause → Espalais (10 km)
  • Etape 26 : Espalais → Miradoux (19 km)
  • Etape 27 : Miradoux → Lectoure (16 km)
  • Etape 28 : Lectoure→ Castelnau sur l’Auvignon (23 km)
  • Etape 29 : Castelnau sur l’Auvignon → Larresingle (20 km)
  • Etape 30 : Larresingle → Un peu avant Eauze (22 km)
  • Etape 31 : Un peu avant Eauze → Nogaro (18 km)
  • Etape 32 : Nogaro → Lelin-Lapujole (16 km)
  • Etape 33 : Lelin-Lapujole → Passé Aire Sur l’Adour (18 km)
  • Etape 34 : Passé Aire Sur l’Adour → Pimbo (25 km)
  • Etape 35 : Pimbo → Pomps (28 km)
  • Etape 36 : Pomps → Oratoire de Notre Dame de Muret (21 km)
  • Etape 37 : Oratoire de Notre Dame de Muret → Navarrenx (20 km)
  • Etape 38 : Journée de pause
  • Etape 39 : Deuxième journée de pause
  • Etape 40 : Navarrenx → Passé Aroue (25 km)
  • Etape 41 : Passé Aroue → Refuge passé Ostabat (20 km)
  • Etape 42 : Refuge passé Ostabat → Saint-Jean Pied de Port (21 km)

Tarn et Garonne

Les kilomètres s’enchainent de plus en plus facilement. Sur le plan physique, mes pieds ont commencé à aller mieux et mon corps s’habitue à la marche. Après Cahors, le chemin quitte le paysage sec et caillouteux des Causses pour devenir plus peuplé et plus travaillé par l’homme, avec de nombreux champs et vergers. Et d’ailleurs, c’est le temps des cerises !

Les fermiers du coin ont la grande générosité de penser aux marcheurs : à plusieurs endroits on peut trouver des cagettes remplies de cerises sur des petites tables destinées aux pèlerins de Compostelle. Un matin alors que je passe près d’un verger, un vieil homme arrive vers moi et m’offre une branche de cerisier qu’il vient de couper. Je continue donc mon chemin la banche à la main, tout en me délectant des cerises qui la garnissent.

De jolis villages parsèment le chemin dans le département du Tarn et Garonne. Parmi eux, Montcuq, Lauzerte ou encore Auvillar ont été mes préférés. Et puis, il y a la ville de Moissac, qui est elle aussi une des étapes importante dans le pèlerinage. Son abbaye et surtout son cloître, sont considérés comme l’un des plus beaux ensemble architecturaux français avec ses sculptures romanes.

Sur les bords du Canal des deux mers

Au lieu de prendre le chemin originel, plus vallonné et surement plus enthousiasmant, j’ai choisi de prendre la variante qui emprunte une portion du Canal des deux Mers (il relie l’Atlantique à la Mer Méditerranée). À Moissac, on m’avait recommandé d’éviter le sentier original car avec les grosses pluies des derniers jours, le chemin était très boueux et glissant, voire inondé à certains endroits. Et puis, je dois dire que j’en avais aussi envie car j’étais déjà passée par ce même canal lors d’un vélo-trip il y a quelques années de cela. Je me souviens d’ailleurs y avoir croisé une jeune pèlerine de Compostelle qui m’avait beaucoup intriguée à l’époque.

Depuis quelques jours, et après plusieurs discussions avec différents pèlerins, je commence à sérieusement envisager de continuer mon chemin après Saint-Jean Pied de Port, qui est la dernière étape de la Via Podiensis en France. Au départ, je pensais ne marcher que la partie française, car c’était déjà un énorme challenge. Mais plus j’avance, et moins j’ai envie de m’arrêter. Alors je pense au Camino Francés et à Saint-Jacques de Compostelle. Après tout, qu’est-ce qui me retient ?

Je parle de cette décision de continuer le chemin dans cette vidéo ⬇

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Les grosses chaleurs

Alors que j’arrive dans les Landes, je rencontre d’énormes chaleurs. Malgré des départs tôt le matin et des grandes pauses ombragées que je m’impose, la chaleur est étouffante. Cela rend mon avancée difficile, surtout moralement. Il faut dire que le chemin est en grande partie sur des routes de bitume exposées en plein soleil, ce qui n’aide pas à avancer.

J’arrive un soir à l’auberge communale de Pomps, où je demande à planter ma tente dans le jardin. Mais je me rends vite compte qu’il fait bien trop chaud pour dormir sous ma tente…Je décide donc de dormir à la belle étoile ! C’est ainsi que j’expérimente mes premières nuits, à la vue de tous, et donc, plus vulnérable. Mais le bonheur de se réveiller en pleine nuit et de découvrir comme toit un ciel illuminé d’étoiles, l’emporte sur mes appréhensions. Je commence à penser à me séparer de ma toile de tente pour la partie espagnole du chemin. Après tout, il fera plus chaud en Espagne et cela allègera encore mon sac.

Le Pyrénées se dessinent…

Ce matin, j’aperçois pour la première fois de mon parcours la muraille des Pyrénées qui se dresse dans le lointain. À partir de maintenant, chaque pas que je fais me rapproche un peu plus de ce but. Je garde les yeux rivés sur ces montagnes qui annoncent un passage difficile, et une étape importante dans mon périple. Bientôt, je serais à ses pieds.

J’arrive ainsi dans le Pays Basque, que je traverse pour la première fois de ma vie. Cette région est sans aucun doute un de mes coups de cœur du chemin de Compostelle. L’architecture des bâtiments est vraiment magnifique et harmonieuse. J’y découvre également la culture locale : la pelote basque, évidemment, mais aussi la langue et le mode de vie encore très lié à l’agriculture.

Une des étapes qui m’a beaucoup marquée sur cette portion de chemin, c’est celle qui mène à la chapelle de Soyarza. Les paysages sont magnifiques, et ça grimpe pas mal pour atteindre cette chapelle qui était à l’origine un ermitage. De là haut, on a une belle vue sur la chaîne des Pyrénées qui est maintenant si proche.

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Un peu plus tôt avant la chapelle, je dépassais la stèle de Gibraltar, pierre emblématique notifiant l’endroit où se rejoignent les pèlerins de la voie du Puy en Velay, celle de Vézelay et de Tours. On le sent, on s’approche de Saint-Jean Pied de Port. Un sentiment d’achèvement, presque imperceptible, se glisse entre les pèlerins qui ont déjà marché la moitié de leur chemin vers Saint-Jacques de Compostelle.

À Saint-Jean Pied de Port, je me retrouve perdue entre la cohue touristique et la joie étourdissante d’être arrivée à la frontière avec l’Espagne, au pieds des Pyrénées. Ici, on se retrouve soudainement avec un très grand nombre de nouveaux pèlerins. Beaucoup commencent leur chemin, et feront leurs premiers premiers pas vers Compostelle le lendemain, à travers les Pyrénées. Pour ma part, bien que l’étape des Pyrénées soit décisive puisqu’elle marque ma décision de continuer mon chemin jusqu’au bout, j’aurais déjà marché presque 750 kilomètres. Cela fera un mois et demi que je suis partie du Puy en Velay.

Et ce n’est pas fini ! Le chemin continue en Espagne, sur les 800 kilomètres qui m’attendent sur le Camino Francés. Pour lire la suite de récit de mon aventure c’est par ici : 3 mois sur Compostelle : le Camino Francés.

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